LE TIGRE ET
LA PANTHERE
Roman
Auteur Sïléa
CE LIVRE EST EN COURS DE REDACTION
LE TIGRE ET LA PANTHERE
SOMMAIRE
CHAPITRE I : Paix intérieure
CHAPITRE II : Jogging nocturne
CHAPITRE III : Apparition
CHAPITRE IV : Mental en ébullition
CHAPITRE V : Cat Woman
CHAPITRE VI : Rencontre aquatique
CHAPITRE VII : En ville
CHAPITRE VIII : Conversation profonde
CHAPITRE VIV : Rimini
CHAPITRE X : Le zodiaque
CHAPITRE XI : Dîner en tête à tête
CHAPITRE XII : Nuit inoubliable
CHAPITRE XIII : Prolongation
CHAPITRE XIV : La vie suit son cours
CHAPITRE XV : Nostalgie
CHAPITRE XVI : Tristesse
CHAPITRE XVII : Décision fatale
CHAPITRE XVIII : Le départ
CHAPITRE XIV : Le retour en France
CHAPITRE XX : 15 ans de séparation
CHAPITRE I -
PAIX INTERIEURE
Assise en tailleur, les paupières à demi closes, elle se laissait imprégner par la splendeur du spectacle naturel qui l’entourait, profitant des derniers instants de la lumière du jour, elle cherchait à sonder le fameux rayon vert visible à la disparition du soleil dans la mer.
Elle était restée seule sur la plage, du moins elle le pensait; dans une petite crique éloignée du centre ville, bordée d’une jetée de gros rochers contre un desquels elle s’appuyait.
Le ciel flamboyant transformait peu à peu ses couleurs et les nuages changeaient de formes dans lesquelles elle distinguait souvent des visages, des personnages étranges ou des animaux.
Le vent sur sa peau était caressant, mais l’air s’était rafraîchi brusquement. Comme à la fin d’une pièce de théâtre, où le rideau de velours tombe, elle sortit de sa torpeur, le cœur triste et solitaire, revenant doucement à la réalité, se rappelant être terrestre et responsable de son humanité...
Absorbée par ses pensées, elle ne s’était pas rendue compte que quelqu’un l’observait, adossé contre un gros rocher à 15m d’elle, et sentit son regard profond la sonder.
Lorsqu’elle tourna la tête pour le découvrir, il lui répondit alors par un sourire.
Gênée, elle regarda de nouveau vers la mer, et du coin de l’œil, vit qu’il en fit de même.
Un air tranquille et sauvage à la fois, se dégageait de lui à première vue, et sans savoir pourquoi, sa présence silencieuse l’attirait et la rassurait en même temps.
Se rhabillant à la hâte car elle commençait à frissonner, elle ramassa sa serviette et son sac et prit le chemin du retour en longeant la plage sur sa gauche, où il fallait passer devant son observateur afin d’atteindre la sortie.
Marchant lentement, pieds nus dans le sable encore chaud, sa paire de tennis à la main, leurs regards se croisèrent lorsqu’elle fut à son niveau et lui adressa un sourire pour la deuxième fois. Un sourire si doux et respectueux qu’elle lui rendit timidement, puis baissa les yeux et continua son chemin.
Arrivant sur la route, elle s’installa sur son scooter, mit son casque et regarda une dernière fois en direction de la plage qu’elle surplombait. Dans une semi obscurité, elle sentit son regard la sonder de nouveau, il la fixait ; elle, trahie par sa curiosité, tourna la clé du moteur et fonça d’un coup, tel un cheval fou; ce regard qui persistait au fond d’elle, l’effrayait et la questionnait.
Mais qui sait... si les signes du destin n’avaient pas fait leur choix ce jour-là... !?
CHAPITRE II -
JOGGING NOCTURNE
C’était à la mi-août de l’année 1999, à la fin d’une journée brûlante, quelque part sur la côte adriatique italienne, entre Rimini et Bali...
Elle était là depuis peu dans la région, et cherchait à s’y installer. Elle avait dégoté quelques heures de vacation dans un centre sportif moderne et récent, où elle dispensait des cours de fitness et de danse.
Le week-end, elle s’offrait en spectacle dans deux numéros de cabaret pour payer son loyer. Ce n’était pas facile de se débrouiller dans un pays étranger lorsqu’on est une femme seule et sans amis.
Mais elle était tombée en admiration des plages gigantesques longeant toute la côte, tantôt couverte de sable, tantôt de galets ; ainsi que de la mer turquoise qui s’étendait à l’infini et lui donnait une sensation de liberté intense.
La nature sauvage et déserte avait toujours été un espace vital pour elle, à travers laquelle elle pouvait complètement se ressourcer.
Rentrant à la maison, dans une mansarde adorable face à la mer, à l’intérieur tout blanc et lumineux, elle se changea en vitesse en tenue de sport, s’équipa du walkman et branchée sur la musique d’un célèbre conte fantastique, elle ressortit pour aller faire son jogging le long de la côte et à travers la ville.
Elle y allait trois à quatre fois par semaine, de trente à soixante minutes suivant sa forme et sa motivation du moment.
Parfois, il lui arrivait de courir la nuit, à la pleine lune, et c’était magique. Elle se mettait en accord avec l’univers et le remerciait pour sa beauté.
Elle se sentait si petite devant cette immensité qui nous entoure perpétuellement et que la plupart des gens ne voient pas, trop occupés à boire et à fumer dans les bars et les terrasses de café, ou à manger dans les restaurants en face de téléviseurs, à fond le volume pour ne pas perdre une miette du match de foot, ou encore à s’égosiller pour s’entendre parler dans les discothèques.
Elle, elle était là, sa cassette arrivant à la fin de la bande, elle écoutait en silence le clapotis des vagues venant s’éteindre sur le sable dans une masse blanche lumineuse, éclairée par la lune phosphorescente.
Ses pas bordaient cette mousse blanche, scintillante comme les étoiles, et elle jouait à éviter d’avoir les pieds dans l’eau. C’est comme si la mer jouait avec elle aussi, la laissant parfois passer sur dix mètres, puis cherchant à la recouvrir aussitôt après...
Elle revit en pensée l’homme mystère, oui, elle l’appellerait ainsi,
l’homme mystère, et immergée dans ses pensées, elle arriva chez elle en sueur, sans s’en rendre compte, se mit sous la douche et l’oublia.
Après un bon dîner qu’elle s’était rapidement concoctée, et devant le meilleur film qu’elle avait trouvé dans le programme télé, elle s’endormit à poings fermés.
CHAPITRE III-
APPARITION
Une semaine plus tard, ayant décidé d’aller courir plus tôt ce jour-là, elle était allée dans la ville voisine pour sauter sur les rochers qu’elle affectionnait particulièrement, avec son walkman sur une musique de Millénium, et elle se mit à voler de rocher en rocher comme si elle portait les bottes de sept lieues ; c’était un défi, car le temps musical intensif était le moteur de sa course, et pour le suivre, elle n’avait pas intérêt à rater ‘’la marche’’, c’était à ses risques et périls.
Elle se sentait en transe, comme une indienne chevauchant les montagnes, libre comme l’oiseau, elle…volait. Car c’est à peine si ses pieds touchaient la roche qu’elle survolait en quinconce. Soudain, arrivant à la fin de l’amoncellement de granit, et descendant sur le sable, un homme en moto-cross était là, devant elle, à l’arrêt, et la regardait, la visière relevée, il lui souriait, elle le reconnut à son regard ; la salua d’un signe et elle continua sur sa lancée, droit devant elle, sur le sable dans sa partie dure et mouillée près de l’eau, formant un tapis très agréable pour les pieds.
Son cœur battait la chamade à travers l’émotion que lui procurait cette nouvelle rencontre, et intensifiée par la musique de ‘’Cat People’’ cette fois, le titre où se transformait la panthère noire, elle courait, courait, courait, légère, à pattes de velours, le sentant proche derrière elle, la rattrapant avec sa moto, il continua à sa propre vitesse pendant un moment, à distance respectueuse, puis s’en alla au loin et ne devint plus qu’un point minuscule et disparut à l’horizon.
« Mais qui est donc cet homme qui apparaît et disparaît »? Se dit-elle, subjuguée par le faîte qu’ils fréquentaient les mêmes endroits.
Une demi-heure plus tard, elle atteignit le bout de la plage, fermée par la roche haute se jetant dans la mer ; elle fit quelques étirements, quand elle aperçut la moto-cross, parquée dans un recoin du mur, séparant la plage de la route en surplomb.
Quelques vêtements étaient posés sur la selle, mais…personne en vue. Se tournant vers la mer, elle ne vit rien non plus.
Le coucher de soleil resplendissait ce soir-là, et toujours en admiration de la nature, elle s’émerveillait de voir chaque crépuscule différent, se renouvelant chaque jour sans jamais étaler la même palette de couleurs, ni la même formation de nuages ni le même souffle d’air.
« Oh ! Gaia, comme tu es belle, Oh ! Toi le Ciel, comme tu es grandiose, Oh ! Mer, comme je t’aime » dit-elle à voix haute.
Ayant fini ses étirements, elle s’était assise en tailleur, face à la mer, et méditait, cherchant à faire la paix en elle, rouvrant souvent les yeux pour scruter la mer au cas où l’homme mystère surgirait de l’eau !...
Elle était consciente de sa présence, quelque part, et cela l’excitait d’un côté, et l’ennuyait de l’autre, car ne se sentant pas libre d’agir à sa guise. Si cela se trouve, il l’épiait dans un coin.
Gardant les yeux ouverts, et s’imprégnant de paix et de la beauté des derniers instants de lumière que le jour accordait, elle laissait aller son regard sur l’horizon luminescent, là où la mer et le ciel se confondaient et s’épousaient dans une union incomparable de douceur et d’harmonie. Toutes les couleurs de l’arc-en-ciel défilaient devant elle et la lune montrait déjà le bout de son nez.
Quand soudain, une ombre surgit de l’eau, grandissant et clapotant, puis émergea complètement, en un corps ruisselant et musclé, qui marcha jusqu’à elle.
De taille harmonieuse, sa démarche était souple et féline. Il secoua énergétiquement ses cheveux comme se secoue un animal.
Sa présence lui coupa le souffle, d’un seul coup, il se trouva si près d’elle, dans son maillot sombre et moulant, qu’elle faillit tomber à la renverse. Il lui sourit et s’excusa de l’avoir effrayée, puis alla chercher sa serviette et s’assit à deux mètres d’elle, face à la mer.
Ensemble, dans le silence, ils se laissèrent imprégner du monde qui les entourait, une paix complice les envahissait peu à peu, bercés par le doux murmure du ressac, ils se sentaient … si bien.
Un peu plus tard, une terrible envie de d’ôter ses baskets pour aller tremper les pieds dans l’eau lui vint.
Aussi, c’est ce qu’elle fit, sous l’attention de son mystérieux voisin resté silencieux.
Après un quart d’heure de marche dans l’eau, elle revint sur ses pas et laissa sans broncher la mer lui enfoncer un peu plus les pieds dans le sable à chaque retour de vague.
Elle se demandait avec admiration, combien de temps cette force de la nature était restée en apnée ?
Cette nouvelle découverte de sa personnalité l’attirait ; quelques minutes plus tard, elle prit une petite serviette qu’elle avait souvent autour du cou, la posa pour s’asseoir de nouveau, le temps de sécher ses jambes.
L’observant timidement, elle osa lui demander :
« Depuis combien de temps étiez-vous dans l’eau ? Enfin combien de temps arrivez-vous à rester sous l’eau ? »
Elle vit ses yeux clairs et ses dents blanches étincelantes illuminées par les derniers rayons de soleil, sa bouche était sensuelle et aspirait au baiser, et ses boucles noires épaisses formaient un accroche-cœur sur son front, encore perlant d’eau de mer et scintillant sur sa peau mate.
Après un silence… « Je ne sais pas » lui répondit-il dans
un souffle rauque et évasif.
Un nouveau silence s’établit, et la fixant droit dans les yeux, il lui demanda à son tour :
- Et vous ? Pendant combien de temps avez-vous couru ? »
- Oh ! Une heure, peut-être…
- Ah ! fit-il dans un second souffle… Vous n’êtes pas italienne,
n’est-ce pas ? J’entends un léger accent !?
- En effet, je suis franco-allemande
- Ah ! Dans ce cas, vous parlez très bien notre langue !
- Merci !
Enfin, elle découvrait le son de sa voix claire, douce et feutrée.
Elle aurait voulu rester encore un peu mais la température de son corps s’était maintenant refroidie, et des frissons la parcouraient; aussi, elle essuya le sable qui était resté collé sur ses pieds, et lui annonça qu’il lui fallait rentrer.
Elle sentait aussi venu le moment de s’éclipser, afin d’éviter à répondre à un éventuel questionnaire qui risquait de compromettre le charme de ces instants privilégiés.
Il acquiesça en lui répondant, comme pour la rassurer :
Bien sûr, moi aussi je dois y aller ! Heu… Voulez-vous que je vous raccompagne ?
- Non merci ! J’ai mon scooter qui m’attend juste en haut !
- Ah ! dans un murmure rauque d’émotion.
- Une fois dans ses baskets, elle lui dit un bonsoir, auquel il lui répondit avec douceur :
- Alors à une prochaine fois peut-être! Fit-il le regard brillant.
- Peut-être! s'entend-t-elle lui répondre d'un regard complice. Elle enfila son Kaway et s'en alla...
CHAPITRE IV
MENTAL. EN EBULLITION
Sur le chemin du retour, cramponnée à son scooter, son esprit était en effervescence.
« Pourquoi chaque fois que quelqu’un me plaît, je suis en délit de fuite ? » pensait-elle…
Elle qui sortait à peine d’une histoire douloureuse avec quelqu’un qui l’avait laissé sans nouvelles pendant un mois, lui faisant croire qu’il était à l’étranger pour affaire, alors qu’elle sut plus tard qu’il passait ses soirées avec des copines ; elle qui lui avait avoué ses sentiments et lui avaient fait confiance.
Elle apprenait avec le temps à perdre moins de temps avec l’amour quand elle sondait un doute justifié ou les premières incompatibilités.
Elle comprenait qu’on ne pouvait pas vraiment changer un être à son insu, et encore moins par sa propre volonté.
Il fallait choisir, accepter et souffrir en silence, ou en finir pour ne plus souffrir ! Bien que là aussi, il peut y avoir souffrance, d’accepter de mettre un terme à quelqu’un que l’on aime ; mais au moins éviter de continuer à faire semblant, de se mentir à soi-même.
Pour elle, rien n’était plus complexe que l’amour, et elle avait déjà passé plus de la moitié de sa vie à comprendre le fonctionnement des hommes, leurs secrets, leurs schémas de pensée qui souvent la fascinaient par leur simplicité par rapport à ceux de la femme.
Elle n’en était donc pas à son premier échec sentimental, mais à force, elle s’usait à dépenser tant d’énergie pour après se rendre compte qu’elle était seule à aimer vraiment…
Non, il fallait qu’elle se reprenne, et qu’elle fuit cet homme, aussi attrayant pouvait-il être, aussi intéressant, à l’allure sauvage, solitaire mais parfaitement éduqué, bref, tout ce qu’elle aimait en premier lieu avec un son physique d’athlète de haut niveau.
Par-dessus tout son silence respectueux en général ; les hommes lui posaient toujours des questions inutiles et superficielles, cherchant très rapidement à l’inviter partout, et quand ils voyaient qu’ils n’arriveraient pas à leur fin, la laissait gentiment tomber.
Combien d’amis avait-elle perdu ainsi ! Que d’énergie dépensée pour rien… !
Aucune conversation profonde possible, aucun regard vrai, sincère, reconnaissant envers la nature, en dehors des sportifs de plein air…Mais, à travers ses pensées tumultueuses, elle revoyait malgré elle, les images de son corps ruisselant, émergeant de l’eau luminescente par le soleil ; lui qui était rentré dans l’eau avant son arrivée, et que son stretching avait duré quinze minutes environ, suivi d’une méditation d’à peu près autant, elle n’avait vu aucun mouvement à l’horizon pendant tout ce temps …!
Mais qui était cet homme ? L’homme de l’Atlantide ou le nouveau Jacques Mayol ? Ses exploits lui semblaient parfaitement naturels à lui, et son calme de yogi le rendait modeste. Pourtant, dans l’action, il était à 100%. Aussi à l’aise dans l’eau que sur sa moto. Elle osa même imaginer ce que pouvait être le reste…
"STOP ! ARRETE !" se dit-elle en s’en voulant.
Son cœur était partagé entre l’agacement qu’elle avait avec elle-même, et la joie de savoir qu’elle le reverrait.
Mais laissons faire le temps et la destinée ! Il n’y a pas de hasard ou de coïncidences ; il n’y a que des synchronicités.
A travers le bouddhisme, d’autres philosophies spirituelles et ses propres expériences, elle l’avait appris.
Resté seul et finissant de se sécher, Angelo, oui, tel était son nom, pensait lui aussi à la jeune étrangère qui venait de le quitter.
« Madona mia ! Ma, qui est cette fille ? Que fait-elle ici, dans cette zone perdue ?...Comme elle vole sur les rochers, comme elle est sauvage et solitaire… Et, quel corps elle a… Dio mio ! Et sa voix, si douce ! Ma ! Qu’est-ce qui me prend, basta ! »
Le téléphone se mit à sonner, il décrocha :
- Si, arrivo tra cinque minuti, va bene, ciao !
Fronçant les sourcils, de retour à sa réalité, il rentra chez lui, dans sa petite famille…